Je suis en train de mourir là.

Le désespoir est contagieux. Je ne peux pas m'en aller, je dois aider, mais je sais que si j'y prend trop garde, je perdrais mon mystique détachement, et je me retrouverais rongée comme les autres.

Par la peur de la mort et les condamnés emmenés de force. Ne pas y penser, ne pas y penser. Mais quand il est nécessaire d'y penser... Ou lorsque tout se passe autour de ce sujet même sans l'aborder. J'ai pensé, et j'ai entraperçu ce sentiment, celui que l'on a quand quelq'un mleur trop tôt, ce sentiment de gachis, et de déception. Et de tristesse. Et pire que tout d'irrévocable.

Je déteste ça, l'impuissance, je ne peux rien faire, et je dois aider.

Et tu me crois invincible, ce détachement, n'est qu'un voile derrière lequel certaines personnes ont la pudeur de se cacher, non pas seulement pour pleurer, mais aussi pour ne pas afficher tout sentiment. Et tout ce qui passe à travers est factice, tout est menseonge et tromperie.

Mais si je semblais comme les autres, est-ce-que tu me parlerais, est-ce-que tu me croirais assez forte pour écouter ce que tu as à dire ?

Non, bien sûr.

Enfin, j'aime bien être mise sur ce pied d'estale, même si je m'y sens parfois un peu seule, l'admiration remplace l'affection. Mais je ne me plains pas, je ne plaindrai jamais. Je souris et réfléchis peu, les garçons aiment ça, ils se sentent forts et protégés à la fois, par les doux regards et les réponses évasives.

L'espace, la détente qu'ils ne sont pas capables de mettre entre eux et le monde, il suffit de les leur apporter, et tout ira bien.

Tout ira bien.

Promis.